Les biocarburants perturbent le marché de la semence de graminées

Dans les pays occidentaux, les prix agricoles sont fortement perturbés. Après une période de 20 ans durant laquelle les prix ont continuellement baissé, l’année dernière, on a observé un revirement. Un exemple: en un an, le prix du froment a plus que doublé (de 9 cents à 25 cents par kilo) et le prix du lait est passé de 30 cents à 50 cents par litre. Les autres produits agricoles suivent une évolution identique. Les semences de graminées n’échappent pas à la règle. Ce produit est étroitement lié à l’agriculture. Lors de la conclusion de contrats, les agriculteurs comparent toujours la rentabilité des cultures de semences à celle des autres récoltes. Une grande partie des emblavements est réservée à la culture la plus intéressante.Niels Zoetelief: «Afin d’éviter que les agriculteurs ne délaissent la production de semence de graminées au profit d’autres cultures, les prix proposés sont revus à la hausse.»


Plusieurs causes
Une série de raisons sont à la base de la flambée des prix agricoles. La raison principale est le succès actuel des cultures qui permettent la production de biocarburants. Les réserves en pétrole diminuent et des alternatives sont assidûment recherchées. De plus, les pouvoirs publics se sont mis d’accord pour réduire la production des gaz à effet de serre.

Les pays occidentaux optent massivement pour la production de biocarburants. Ainsi, déjà 20% de la  production du maïs américain sont absorbés par le bio-éthanol. En Europe également les conséquences sont importantes. En 2010, les carburants devront contenir 5,75% de biocarburants. Ce pourcentage va encore augmenter par la suite. Si l’Europe incorpore 11,5% de biocarburants, leur production va occuper 22% des terres agricoles européennes.

 

La Chine et l’Inde
Une autre raison est la croissance économique de la Chine et de l’Inde. Ces pays évoluent à une très grande vitesse et possèdent un grand nombre d’habitants. Davantage de richesse signifie que la population locale passera progressivement d’une alimentation végétarienne à une alimentation à base de produits animaux comme la viande et le lait. «Ceci est un processus normal qui se produit dans tous les pays qui connaissent un boom économique», explique Zoetelief. «Le fait est que produire un kilo de  protéine animale exige 7 kilos de protéines végétales sous la forme d’aliment pour bétail. Cela signifie une demande supplémentaire pour les cultures réservées à cet usage”.

Une toute autre évolution apparaît en Europe. Afin d’assurer l’auto-suffisance alimentaire, après la seconde guerre mondiale, une politique agricole commune subsidiée a été mise en place. Le succès a été total: en quelques décennies, elle a atteint son but. Mais la production a continué à augmenter, ce qui a abouti à des surproductions. Depuis peu, les subsides ont été supprimés. Les agriculteurs produisent uniquement ce que le marché demande. Lorsque les récoltes sont décevantes – l’année dernière, tant en céréale qu’en production semencière, les rendements ont connu un contre-coup – des déficits  apparaissent rapidement, ce qui provoque une hausse des prix.

 

Un changement important
L’agriculture n’a jamais connu un changement aussi considérable. On s’attend à ce que le déficit de production se poursuive durant les années qui viennent. A court terme, les causes citées vont se  maintenir. Alors que l’Europe a toujours été un exportateur net, elle importe actuellement des semences de graminées. Zoetelief: «Les semenciers doivent revoir fortement à la hausse les prix proposés lors des contrats afin d’éviter que les agriculteurs n’optent par exemple pour la culture de froment. Cette hausse des coûts doit être répercutée sur le prix de nos mélanges. Nous comptons sur votre compréhension.”